Récemment, une délégation de TikTok s’est rendue à Yaoundé à l’invitation des autorités camerounaises. L’objectif affiché : lutter contre la diffusion de fausses informations et les discours haineux sur la plateforme, particulièrement dans ce pays considéré comme un pôle d’influence en Afrique.
Le 27 juin dernier, Joseph Chebongkeng-Kalabubsu, Président du Conseil National de la Communication du Cameroun (CNC), a reçu Ibrahim Tokumbo, responsable des politiques publiques de TikTok pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale. Le CNC souhaite s’appuyer sur le réseau social très populaire auprès des générations X et Y pour sécuriser l’espace numérique.
Coopération
Pour éviter d’être accusé d’agir de manière unilatérale, le CNC a invité des créateurs de contenus et l’Union des cyber journalistes du Cameroun (UCC) à participer aux discussions. Cependant, à l’approche des élections, certains observateurs craignent que cette collaboration ne soit qu’une manœuvre politique visant à museler les critiques envers le pouvoir en place.
Concrètement, le CNC a élaboré un protocole d’entente, transmis à TikTok pour examen. Le réseau social chinois s’est engagé à analyser cette proposition, précisant qu’il dispose déjà d’un système permettant aux organisations de la société civile et aux régulateurs de signaler en priorité les contenus illicites.
TikTok est confronté à un défi majeur : concilier la liberté d’expression et la lutte contre les contenus nuisibles tout en préservant sa singularité, à savoir la créativité de ses utilisateurs. Ce n’est pas une tâche aisée, et ce, pas seulement en Afrique. L’intelligence artificielle a facilité la propagation des fausses informations, transformant ce phénomène en un fléau mondial.
Problématique
TikTok a déjà été banni aux États-Unis et fait l’objet d’une surveillance accrue en Europe. Les pouvoirs politiques accusent régulièrement les géants du web d’interférer dans les affaires intérieures de leurs pays. En Afrique, la coupure d’internet mobile et l’accès aux réseaux sociaux pendant les périodes de troubles sociaux sont fréquents, comme on l’a récemment constaté en Mauritanie et au Sénégal.
La collaboration entre TikTok et le Cameroun soulève des questions cruciales quant à la régulation des réseaux sociaux, la protection de la liberté d’expression et le combat contre la désinformation. Il sera intéressant d’observer comment cette collaboration se concrétise et quelles seront les conséquences pour l’écosystème numérique africain.
Patrick Lebanquier